
Les attentats du 13 novembre 2015 et les événements du 18 novembre 2015 à Saint-Denis ont profondément marqué les victimes, leurs proches, ainsi que l’ensemble de la société française.
Composé de plusieurs études conçues en dialogue et porté par la Comue HESAM, le CNRS et l'Inserm, le Programme 13-Novembre est transdisciplinaire, transprofessionnel et longitudinal: il se déroulera sur 12 ans. L'objectif de la recherche est d’étudier la construction et l’évolution de la mémoire après les attentats du 13 novembre 2015, et en particulier l’articulation entre mémoire individuelle et mémoire collective. Affiner l'appréhension du Trouble de Stress Post-Traumatique, constituer un corpus de témoignages opérationnels à des fins patrimoniales et scientifiques, améliorer la prise en charge des civils et intervenants professionnels, croiser les regards disciplinaires et constuire ensemble l'objet de l'étude font partie des ambitions de l'entreprise.
Enjeux
La mémoire est un élément essentiel de la construction de l’identité individuelle comme de l’identité collective. En ce sens, la mémoire des attentats du 13 novembre participe et participera à façonner la société de demain. C’est le rôle de la recherche scientifique d’analyser ces phénomènes pour nous permettre de mieux les comprendre et mieux les appréhender.
Il s’agit également de conserver et de transmettre la mémoire des attentats du 13 novembre. C’est une forme d’engagement de la part de la communauté scientifique envers les citoyens.
Le transdisciplinaire, décloisonnant les spécialités, ouvre de nouveaux champs, fabrique de nouvelles méthodes et contribue à façonner la recherche même.
En pratique
Etude 1000
Dans le cadre de l'Etude 1000, des médiateurs, des enquêteurs et des chercheurs vont recueillir puis analyser les témoignages d’un groupe de 1000 personnes volontaires, au cours de quatre campagnes d’entretiens filmés réparties sur 10 ans. Les mêmes personnes seront interrogées à quatre reprises. Lors de la Phase 3, engagée en 2021, l'Etude 1000 intègre 300 nouveaux volontaires afin d'affiner encore l'observation des fluctuations de la mémoire dans les témoignages: quelle est celle de ceux déjà venus par deux fois, comment se formule celle confrontée pour la première fois au protocole, comment se répondent-elles et quelles disparités...?
Ces témoignages individuels seront mis en perspective avec les traces de la mémoire collective telle qu’elle se construit au fil des années : les journaux télévisés et radiodiffusés, les articles de presse, les réactions sur réseaux sociaux, les textes et les images des commémorations…
Etude REMEMBER
De plus, pour comprendre quels sont les effets d’un événement traumatique sur les structures et le fonctionnement du cerveau, les chercheurs étudieront les marqueurs neurobiologiques de la résilience au traumatisme chez un sous-groupe de 180 personnes dans le cadre de l'étude REMEMBER complétée à l'automne 2021 par les études CARE et REMEMBER-GABA, conçues pour répondre aux premiers résultats.
Etude ESPA
Suite aux attentats du 13 novembre 2015, Santé publique France a lancé dès 2016 la première phase d’une grande enquête épidémiologique : l’Enquête de Santé publique Post-Attentats de novembre 2015 (ESPA 13 novembre). Plus de 1 400 personnes y ont participé. Les résultats montrent un fort impact sur la santé mentale des personnes impliquées et donne des pistes intéressantes pour une meilleure prise en charge des victimes et des professionnels et bénévoles qui sont intervenus au décours de ces évènements. Afin de mesurer l'évolution de cet impact, une seconde phase de l'enquête a eu lieu de novembre 2020 à avril 2021 sous l'égide de Santé publique France, en collaboration avec l'Université Paris 13, et toujours dans le cadre du Programme 13-Novembre.
Etude Crédoc
Dans le cadre du programme 13 novembre initié par le CNRS, l’Inserm et héSam Université, une série de questions sur les attentats du 13 novembre 2015 est insérée fois dans l’enquête « Conditions de vie et Aspirations » du CRÉDOC, menée auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 2000 personnes.
Un programme transdisciplinaire
La transdisciplinarité est essentielle pour comprendre la complexité et l’importance de la mémoire aux plans individuel et collectif ainsi que ses changements, dans une société disposant de moyens de communication amplifiés. L’ambition de ce projet est de construire ensemble des objets de recherche commun, avec les chercheurs de dix disciplines.
Deux instances pour accompagner le Programme
Composition du Conseil scientifique :
• Jean-François Démonet, président du Conseil scientifique, directeur de recherche Inserm, professeur et chef de service du Centre Leenaards de la Mémoire, CHUV Lausanne
• Jean-Gabriel Ganascia, professeur ACASA team-LIP6, Sorbonne Université, Institut Universitaire de France
• Christina Orfali, professeure de bioéthique, Columbia University, New York
• Bernet Elzinga, professeure de psychopathologie liée au stress, Leiden University, Institut de Psychologie
• Anne-Catherine Bachoud-Lévi, PU-PH, APHP - U955 IMRB, Directrice de l’équipe de NeuroPsychologie Interventionnelle
• Mathieu Cunche, maître de conférences à l’INSA Lyon et à l’INRIA, spécialiste de la sécurité informatique et de la protection des données
• Martial Foucault, professeur de sociologie à Sciences Po, directeur du Cevipof
• Teresa Grande, professeure de sociologie à l’université de Calabre, spécialiste de la sociologie de la mémoire
Composition du Data Group :
• Gaëlle Bujan, déléguée à la Protection des Données, CNRS
• Christine Dosquet, présidente du Comité d’évaluation éthique de l’Inserm et du CNRS
• Hélène Esperou, directrice du pôle Recherche Clinique de l’Inserm
• Christina Orfali, professeure de bioéthique, Columbia University
• Jean-Gabriel Ganascia, professeur d’informatique, Sorbonne Université, Institut Universitaire de France
• Nathalie Martial-Braz, professeure, agrégée des Universités, Spécialité droit civil, Université de Paris, Institut Universitaire de France
La phase 3 dans le temps